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Numériser notre patrimoine, image par image

Notre base de données BALaT propose gratuitement plus de 850 000 photos du patrimoine culturel belge. Pour mieux partager nos connaissances, différentes équipes sont chargées de collecter, préserver et numériser des images provenant de multiples supports. Nous avons rencontré Sander Raes, expert en numérisation au sein de l'unité DIGIT de l'IRPA.

Qu'est-ce que Digit ?

L'Institut dispose d'un service de documentation, qui comprend l'unité de numérisation, laquelle fait partie de l'Infothèque. Le programme pluriannuel DIGIT de Belspo constitue un renforcement particulier et très apprécié de cette dernière. En bref, nous fournissons des images haute résolution pour notre base de données. Notre travail libère des pans d’histoire en les rendant accessibles à tous et toutes; c'est une formidable motivation pour notre équipe.

Comment choisissez-vous ce qui doit être numérisé en premier et ce qui est secondaire ?

Il y a beaucoup de chantiers à mener. Nous travaillons d'abord sur les projets de recherche. L'un des plus importants est celui des clichés allemands, réalisés en Belgique par l’occupant en 1917 et 1918. Ils ont photographié les plus importants monuments belges : églises, béguinages, châteaux, châteaux, monuments publics, leurs intérieurs et éventuels chefs-d’œuvre. L'État belge a finalement acquis les négatifs originaux. Notre équipe les a numérisés en haute définition. Outre les projets de recherche, nous tenons compte des demandes d'utilisation immédiate de la collection de photos et des requêtes du public (dans le cadre de notre mission de service public). Bien sûr, nous donnons la priorité aux supports les plus vulnérables, ceux qui se dégradent plus vite. Nous avons tellement de types de supports, parmi lesquels il y a différents degrés de dégradation. Nous devons donc procéder au cas par cas.

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Vous manipulez des formats physiques très différents.

Énormément ! Nous travaillons avec un grand nombre de plaques de verre. Elles vont du format 6x7 cm au format 50x60 cm. Ce sont les plus cools, et ce sont elles qui se conservent le mieux. Ensuite, on dispose de films, d'abord en nitrate, qui sont dangereux et se dégradent vite. La pellicule nitrate est hautement inflammable, ce qui a conduit à son abandon et son remplacement par la pellicule acétate de cellulose. Cette dernière est en effet également chimiquement instable. Nous numérisons également des supports inversés en diapositives et des positifs au format 36 mm. L'Institut stocke tous ces supports dans un environnement à température et humidité contrôlées.

Quel est le processus ?

Tout d'abord, nous enregistrons les dommages et les nettoyons, puis nous reconditionnons les négatifs dans du papier exempt d'acide, et pour finir, nous prenons une photo des négatifs. Nous utilisons Lightroom et Photoshop pour le traitement, car les négatifs doivent être étalonnés. Pour les négatifs couleur, nous éliminons par traitement numérique la teinte jaune orangé caractéristique de ces anciens films. Nous ne procédons bien sûr pas à des retouches, car nous ne voulons pas modifier l'image. Parfois, nous effectuons un ajustement pour des publications, mais la plupart du temps, nous ne le faisons pas. La conservation n'est pas une opération de modification. Le fichier est alors stocké sur notre serveur. Comme vous pouvez vous en douter, tous les fichiers sont précisément numérotés pour une identification facile. Ma collègue Jenny Coucke s'occupe du post-traitement et du contrôle de qualité, et une autre équipe ajoute les métadonnées.

On imagine que la quantité de données nécessite la disponibilité de grands serveurs. L'IRPA s'occupe-t-elle également du stockage?

Cela fait six ans et demi que je travaille ici, et la résolution a presque doublé avec l'amélioration des capteurs et des technologies des appareils photo. Avec 50 mégapixels, nous produisons des fichiers de 250 Mo par image. Sachant qu'il y a environ un million de négatifs, cela fait une quantité considérable de données à gérer. Notre équipe informatique est donc chargée de gérer toutes ces données pour les rendre accessibles à tous et toutes en une fraction de seconde.

Qu’avez-vous personnellement découvert sur notre patrimoine commun ?

Notre patrimoine est très lié à la vie religieuse, et c’est, de fait, une part importante de notre collection. Alors effectivement, j'ai appris à apprécier l'art médiéval et, vous allez rire, les sculptures. Avant cela, c'était une répétition de Maries et de Jésus. En travaillant ici, on apprend à apprécier les détails et la façon dont les choses sont construites. Plus vous explorez notre catalogue, mieux vous comprenez notre passé. J'ai aussi constaté qu'une grande partie de notre patrimoine avait été détruit. Certains monuments sont aussi reconstruits, et presque exactement comme ils l'étaient. Il arrive même que nos anciennes photos soient utilisées pour des reconstructions, comme le tabouret du chœur de l'église Sainte Gertrude de Louvain détruit par une bombe en 1944. Oui, en travaillant ici, vous êtes confronté à une réalité : la préservation est très importante et, d'une certaine manière, également liée à des questions existentielles. Aujourd'hui, plus personne ne peut ouvrir une disquette. Même les fichiers TIFF que nous créons actuellement ne pourront peut-être plus être lus dans 50 ans. Il existera un autre format. Bien sûr, nous y travaillons afin que cela ne pose pas de problème pour l'avenir de notre collection numérique. C'est une tâche sans fin, mais nécessaire.

L'équipe DIGIT : Erik Buelinckx, Elodie De Zutter, Eva Lecluyse, Jenny Coucke, Clémentine Marlier, Jeroen Reyniers, Heloïse Chopard et Sander Raes.

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