Musée de l'Industrie à Gand
Une étude au profit de la conservation
Les experts de l'IRPA ont soumis le Moulin à ficelles et la Mule Jenny à une étude interdisciplinaire approfondie (recherches documentaires, étude de la littérature, macrophotographies, fluorescence des rayons X, analyses techniques et dendrochronologiques...). La comparaison des résultats des recherches et l’examen minutieux des documents historiques mentionnant les machines textiles ont permis de mettre davantage en lumière leur origine, leur âge et leur fonctionnement. L’étude de grandes machines industrielles est une première pour l’IRPA.
Le projet, financé par le gouvernement flamand, a été lancé en vue de la conservation de ces deux chefs-d'œuvre. Cette étude approfondie a permis aux chercheurs de mieux distinguer les pièces originales des ajouts ou réparations ultérieurs, dus notamment à l'usure. Ces informations sont importantes pour orienter les choix en matière de conservation et de restauration. Grâce à ces recherches, les équipes du musée disposent aujourd’hui d’informations plus précises sur les conditions de conservation (température, lumière) adéquates de ces machines.
« Cette étude est inédite. C’est la première fois que nous examinons des machines industrielles, au lieu de tableaux ou de bâtiments. Nous avons procédé de façon similaire, au moyen notamment des rayons X et de l’étude des cernes de croissance annuels. Par contre, il n’a pas été facile de prélever des échantillons de bois, car nous devions travailler de manière non destructive, sans démonter les pièces. »
Les plus anciennes au monde
Le Moulin à ficelles servait autrefois à entrelacer des fils pour les rendre plus résistants. Il date du milieu du XVIIIe siècle. Cet exemplaire est le plus ancien jamais conservé. Il s’avère qu’il même est plus ancien que 1789 ‒ date gravée sur la machine. En effet, les analyses dendrochronologiques ont montré que le cerne de croissance annuel le plus ancien de l’échantillon de chêne prélevé date de 1655. Il a donc certainement été construit après cette date. Son style baroque semble indiquer qu’il date du deuxième quart du XVIIIe siècle. L’étude des caractéristiques techniques, des pièces et engrenages, de leur taille et fonction, a permis aux chercheurs de rédiger, pour la première fois, un manuel d'utilisation. Cette machine est en effet si ancienne que nul n'a jamais vu comment elle fonctionnait, ni en réalité ni en images.
De même, la célèbre machine à filer anglaise Mule Jenny est, elle aussi, la plus ancienne de ce type jamais conservée. Par ailleurs, ce modèle en bois est aussi le plus complet au monde. Or, on doute qu’il s’agisse de la légendaire Mule Jenny qui, en 1798, a été acheminée clandestinement, pièce par pièce, de l’Angleterre vers le continent, même si cette hypothèse ne peut encore être totalement exclue. Elle nécessiterait une étude plus approfondie de la structure du chêne. En revanche, on sait presqu’avec certitude que la Mule Jenny date du début du XIXe siècle, peut-être avant 1810. Le fonctionnement de la machine était, quant à lui, déjà connu. Il a fait l’objet d'une démonstration dans les années 1970. Aujourd'hui, on utilise une reproduction numérique, afin de mieux préserver l’original dans toute sa splendeur pour l'exposition.