Nouveau regard sur le "Maître d'Elsloo"
Le nom « Maître d'Elsloo » a été inventé en 1940 par le spécialiste de l'art J.J.M. Timmers pour désigner le réalisateur inconnu de la statue Sainte Anne trinitaire, de style gothique tardif, conservée dans l'église d'Elsloo, dans le Limbourg néerlandais. Dans les décennies suivantes, de nombreuses statues similaires ont été associées à la Sainte Anne, tant et si bien que l'œuvre de ce « Maître d'Elsloo » compte jusqu'à deux-cents sculptures, conservées surtout en Belgique, dans le Limbourg néerlandais et en Allemagne, le long de la frontière. Jusqu'il y a peu, l'étude de ces sculptures et de leur(s) créateur(s) se limitait presque uniquement à une approche stylistique. Elles suscitent pourtant d'innombrables questions qui requièrent une recherche approfondie. L'identité du sculpteur, ou, plus probablement, des sculpteurs regroupés sous le nom de « Maître d'Elsloo », pose notamment question, tout comme sa provenance, la période et le lieu de son activité, ainsi que la façon dont était organisé le travail au sein de l'atelier ou des ateliers.
200 sculptures envisagées de façon interdisciplinaire
La vaste recherche interdisciplinaire effectuée par l'IRPA en 2010-2011 en collaboration avec des partenaires belges et étrangers a jeté un nouvel éclairage sur ce groupe de sculptures et ses créateurs. L'étude stylistique a cette fois été complétée par une analyse approfondie des matériaux et techniques utilisés, en prêtant une attention particulière aux traces d'outils et aux restes de polychromie originale. L'analyse dendrochronologique d'un grand nombre de statues a été très importante ; elle a en effet apporté de surprenants résultats quant à la provenance du bois et aux liens de parenté entre les pièces. Plusieurs études complémentaires ont permis de mieux cerner le contexte historique et artistique du « Maître d'Elsloo ». Les résultats de toutes ces études ont été présentés lors du colloque organisé par l'IRPA les 20 et 21 octobre 2011. Le Scientia Artis 9 en est la trace écrite, complétée par un inventaire scientifique et les résultats de nouvelles études d'archives.