Dans les Pays-Bas méridionaux des XVe et XVIe siècles, le support en bois était généralement livré au peintre dans sa forme finie, c’est-à-dire avec le cadre. Ce n'est que dans les années 1510/1520 que, de plus en plus, les panneaux sont peints avant d’être encadrés. Cette évolution vers des cadres autonomes, à la fonction décorative plus que constructive, est liée à la popularité croissante au XVIIe siècle de l'utilisation de la toile, un support plus léger, nécessitant des cadres moins solides. L'édition française de ce livre (1989), avec sa description détaillée des supports, avait pour but de contribuer à la conservation de cadres inconnus jusqu'alors, ainsi que de stimuler le dialogue entre historiens de l'art et restaurateurs. Cette nouvelle édition ambitionne également de décrire comment les choix de menuiserie se font de pair avec le programme iconographique, contenant aussi des analyses détaillées d'un certain nombre de chefs-d'œuvre.
Pour les retables qui ont des volets, la lecture de l’œuvre commence toujours devant l’objet fermé et se termine une fois les volets ouverts. Ce mouvement d’ouverture et de fermeture est matériel et spirituel. Aujourd’hui cependant, beaucoup de ces retables ont été démantelés, leurs cadres détruits. Les fragments conservés ne sont parfois qu’un vestige de l’œuvre originelle, et leur gloire passée ne peut être appréhendée qu’au moyen de reconstructions théoriques : le diptyque réversible qui en cache un autre, des objets aux décors multiples qui montrent chacun un contenu différent, ou encore, un retable avec un mécanisme de transformation dont les roues dans les cadres sont la seule indication de son ancien usage.