Le Jardin clos d’Anvers
Le Jardin clos exposé au KMSKA (Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers, MRBAA) est une œuvre du XVIe siècle réalisée à partir d’un mélange de matériaux divers. Cet objet fascinant ressemble à un théâtre de marionnettes renfermant tout un monde miniature : l’illusion d’un jardin paradisiaque rempli de sculptures et d’ornements finement détaillés. Avec ses décorations foisonnantes et ses représentations religieuses, le Jardin clos incarne à la fois un savoir-faire artistique exceptionnel et une profonde spiritualité propre à l’époque.
Une miniaturisation du paradis
Au centre de cette œuvre, on découvre une statue de la Vierge Marie couronnée, devant un ciel bleu étoilé. Sur son bras droit, elle porte l’Enfant Jésus, tandis que dans sa main gauche, elle tient une pomme que l’Enfant tente d’attraper. En dessous, une scène représente l’expulsion d’Adam et Ève du Paradis, entourés d’un ange armé d’une épée, de Sainte Agnès, de Satan, prenant la forme d’un lézard à tête humaine, et de Saint Jean avec son calice. Le jardin paradisiaque est délimité par une clôture et au centre se dresse une porte en bois. En haut de ce ‘théâtre’ en chêne, des créneaux évoquent une forteresse médiévale. Le Jardin clos est fermé par deux panneaux peints avec des scènes religieuses : le Christ ressuscité, la Descente aux Enfers, l’apparition à Marie-Madeleine, l’Ascension et la Pentecôte.
Un trésor muséal vieux de plusieurs siècles
Ce Jardin clos a probablement été créé dans le duché de Brabant, à Malines, en raison du style des figures. Certains éléments de cet exemplaire pourraient provenir d’œuvres plus anciennes : les panneaux latéraux peints ont été réalisés en Allemagne et sont au moins cinquante ans plus vieux que les statuettes en bois du Jardin lui-même. Les Jardins clos étaient principalement associés aux communautés religieuses féminines. Celui-ci provient du béguinage de Courtrai. Longtemps, on a cru que ces œuvres étaient fabriquées par les femmes elles-mêmes, mais des recherches récentes suggèrent que des artisans spécialisés étaient responsables de la plupart des éléments. Les religieuses ont cependant peut-être confectionné les fleurs en textile et en fil métallique, et elles ont soigneusement emballé les reliques et les parchemins. Elles ont aussi contribué à l’entretien et à la restauration des Jardins. Le KMSKA a acquis cette œuvre d’art en 1973, après qu’elle soit restée en propriété privée pendant de nombreuses années.
Redonnez vie à ce Jardin !
L’état actuel de cette œuvre est préoccupant, notamment à cause d’une épaisse couche de poussière. La retirer révélera non seulement sa beauté d’origine, mais aussi des dommages plus profonds. Les couches de peinture (polychromie) et la structure elle-même sont abîmées, et les éléments en textile et en métal fragilisés et décolorés. De plus, les statuettes ont été déplacées, compromettant la composition d’origine. Il est même possible que des restes humains soient cachés parmi les reliques, bien que cela doive encore être confirmé. La restauration représente une opportunité unique de redonner tout son éclat à cette œuvre exceptionnelle et d’approfondir notre connaissance de sa place dans l’art du XVIe siècle.
Images : © Collectie KMSKA - Vlaamse Gemeenschap
Anonyme, Jardin clos, XVIe siècle, techniques mixtes : chêne polychromé, textile, fil métallique, reliques, etc., 90 × 56 × 18,5 cm, (Anvers, KMSKA, inv. 5094).

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