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Les plâtres du Monument au Travail de Constantin Meunier

Musée Meunier, Ixelles

Monument au Travail

Au bord du Canal de Bruxelles, à Laeken, se dresse l’imposant Monument au Travail. Taillées dans la pierre et coulées en bronze, les sculptures de Constantin Meunier ont été conçues pour braver les siècles et les intempéries. Or, elles ont des pendants plus fragiles qui, cachés dans les réserves du Musée Meunier à Ixelles, échappent au regard des spectateurs. Il s’agit des modèles en plâtre qui, après la mort soudaine de l’artiste en 1905, sont restés dans son atelier. Le fait qu’ils n’aient jamais été exposés en cent ans peut s’expliquer par le manque d’intérêt pour les sculptures en plâtre au XXe siècle. Souvent considérées à tort comme de simples copies, les sculptures réalisées dans ce matériau « mineur » sont pourtant les témoins immédiats du génie du maître. Ce sont les moulages directs de modèles en cire ou en argile (détruits) sur lesquels l’artiste a souvent minutieusement travaillé pendant des mois, voire des années. Les plâtres permettent en effet de lire les moindres détails et l’inspiration que l’artiste a voulu transmettre à son modèle. Dans une étape ultérieure du processus créatif, ces plâtres sont également utilisés pour fabriquer les moules pour la coulée du bronze. Ils sont donc non seulement un produit artistique original ‒ et souvent unique ‒ aux très grandes qualités esthétiques mais aussi des pièces maîtresses dans un processus de production complexe pour obtenir des exemplaires dans d’autres matériaux. Aussi voit-on de plus en plus souvent ces pièces sortir des réserves obscures pour venir occuper une place de choix dans les salles des musées les plus en vue et les plus prestigieux du monde.

Toutefois, ce déplacement n’est pas si aisé. Les plâtres ont souvent une histoire mouvementée. Ils sont très peu résistants aux chocs physiques. De plus, ils sont sujets à la corrosion : s’ils sont conservés dans un endroit très humide, les structures en fer du plâtre risquent de rouiller, causant ensuite des fissures dans le plâtre et, à terme, son effritement. On observe également ce processus d’altération dans les plâtres du Monument au Travail. Des recherches approfondies, des interventions de stabilisation et des restaurations assez conséquentes sont nécessaires pour inverser la tendance.

Constantin Meunier (1831-1905)

Par ailleurs, l’auteur des plâtres du Monument au Travail est une sommité internationale, qui figure dans les plus grandes collections muséales du monde entier. À la fin du XIXe siècle, Constantin Meunier (1831-1905) a révolutionné le monde de l’art en prenant, pour la première fois, les ouvriers comme sujet de ses sculptures. Le caractère anecdotique ou pittoresque dont ses contemporains avaient du mal à se défaire a, chez lui, laissé place à une représentation synthétique du corps humain héroïque. Meunier a rapidement gagné une reconnaissance internationale dans les milieux artistiques progressistes et ses œuvres ont été achetées par des collectionneurs influents et des musées prestigieux. D’éminents collègues, tels que Rodin, ont salué son travail. Plus tard, son œuvre marquera profondément l’histoire de l’art. Le mélange entre réalisme social et idéalisme initié par l’artiste préfigurera, entre autres, les images de propagande des régimes communistes du XXe siècle. Il est l’un des rares artistes belges qui figurent systématiquement dans tous les ouvrages généraux sur l’histoire de l’art, depuis les grottes de Lascaux à l’art contemporain. D’ici 2031 au plus tard, année de célébration du 200e anniversaire de la naissance de l’artiste, nous devrions pouvoir présenter à nouveau dans toute sa splendeur son précieux héritage en plâtre.

Le Musée Meunier

La maison-atelier que Constantin Meunier s’est fait construire en 1899 dans la rue de l’Abbaye à Ixelles et la collection qu’elle abrite ont été acquises par l’État belge en 1936. Trois ans plus tard, le Musée Meunier ouvrait ses portes au public. Aujourd’hui encore, ce petit musée intime reste injustement méconnu. Or, cette collection unique possède une valeur patrimoniale tout à fait exceptionnelle. Outre les quelque 75 peintures et 450 œuvres sur papier de l’artiste, elle contient en effet pas moins de 210 sculptures. La plupart ont été coulées en bronze ; 90 sont en plâtre.

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