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La restauration de la peinture murale du Jugement dernier à Léau

L’Atelier des peintures murales de l’IRPA restaure actuellement le Jugement dernier, une monumentale peinture murale du XVe siècle qui orne le transept sud de l’église Saint-Léonard à Léau (Zoutleeuw). Mesurant à l’origine plus de 90 mètres carrés, cette œuvre gigantesque n’a encore jamais été restaurée.

Période
2012-2023

Une immense peinture murale mise au jour

En 1873, l’intérieur de l’église Saint-Léonard a été déplâtré. Lors de cette campagne, la peinture a secco du XVe siècle, représentant le Jugement dernier, a été redécouverte et ensuite mise au jour. À la demande de la fabrique d’église, la Commission royale des Monuments a alors étudié cette peinture murale. Malgré certaines zones présentant des lacunes, l’œuvre était relativement bien conservée. À la suite d’un désaccord entre les autorités religieuses et les pouvoirs publics concernant le comblement et la réparation des lacunes, les diverses tentatives de restauration ont successivement échoué.

Début de la restauration

Aujourd'hui, 150 ans plus tard, six conservateurs-restaurateurs ont entrepris de restaurer cet immense chef-d’œuvre. En 2012, une équipe interdisciplinaire de l’IRPA a réalisé une étude préliminaire. Le protocole de restauration, rédigé par l’Atelier des peintures murales, a permis d’introduire une demande de financement, octroyé en 2013 par le Gouvernement flamand. La restauration de cette peinture a secco a finalement été entamée par l’IRPA en mai 2023. « En un sens, nous avons de la chance qu’il ait fallu attendre 150 ans pour réaliser un traitement de conservation, car entre-temps, les techniques ont fort évolué depuis », se réjouit Ward Hendrickx, le conservateur de l’église Saint-Léonard de Léau.

Une restauration en plusieurs phases

Dix années se sont écoulées depuis la réalisation de l’étude préliminaire, et de nouveaux matériaux et techniques ont été mis au point. La campagne de conservation a commencé début mai 2023 par la mise à jour du protocole de traitement. Variables considérées comme inconnues lors de l'étude préliminaire ont pu être identifiées durant la première phase du traitement. Entre-temps, la couche picturale a été en grande partie fixée et nettoyée. La seconde phase comprend tous les traitements de conservation ultérieurs qui visent à améliorer la lisibilité de la peinture murale. Le projet devrait être achevé d’ici fin 2023.

Choisir les méthodes les plus adéquates

L’œuvre est cachée derrière un échafaudage recouvert d’une bâche blanche. « La bâche est nécessaire lors de la phase de nettoyage pour protéger le reste de l’église et les autres œuvres de la poussière et de la saleté », explique Shanna, experte de l’Atelier des peintures murales en charge du projet. Elle est entourée d’une équipe de cinq conservateurs-restaurateurs indépendants. « Chacun apporte sa propre expertise, et nous sommes tous très complémentaires. » La peinture murale est restée intacte. L’intervention se veut donc être la plus minimaliste possible. En outre, la réversibilité du traitement et la compatibilité avec les matériaux d’origine sont au centre de l’approche.

Prochaines étapes

À présent complètement nettoyée, la peinture murale laisse à nouveau apparaître les petits détails. De nouvelles découvertes, idées et questions surgissent et exigent des recherches supplémentaires. Le débat sur la lisibilité et les retouches est relancé. « On peut effectuer des retouches pour combler les lacunes et améliorer ainsi la lisibilité de la peinture murale. À cette fin, nous cherchons à mettre au point un système qui permette d’appliquer une couche protectrice sur la couche picturale originale en évitant que les retouches ne pénètrent dans le support d’origine, ce qui garantit ainsi la réversibilité du traitement », précise Shanna. Quid de la grande lacune dans le coin inférieur gauche, où était initialement représenté le paradis ? « Cette zone reste une lacune. La pierre de taille est également nettoyée et les mortiers de joint qui se détachent sont remplacés. »

« Ce projet nous tient particulièrement à cœur. Ainsi qu’à l’IRPA. Cette institution s’est toujours préoccupée de l’œuvre. Elle n’a jamais perdu de vue la peinture murale et la valeur de celle-ci. Nous sommes très heureux de pouvoir enfin réaliser ensemble ce traitement de conservation. »

Ward Hendrickx, conservateur de l’église Saint-Léonard de Léau

Ce vaste projet de restauration est soutenu par quatre acteurs : le Gouvernement flamand, la Ville de Léau, la fabrique d’église et l’association pour le patrimoine De Vrienden van Zoutleeuw (« Les Amis de Léau »).

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