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"La Sainte Famille" dévoilée après plus d’un an de restauration

La Sainte Famille, une oeuvre authentique et rare de la jeunesse de Jacques Jordaens, découverte à l’hôtel de ville de Saint-Gilles, dévoilée au musée après plus d’un an de restauration. Âgée de plus de 400 ans, l'œuvre a bénéficié, au sein de l’IRPA, d’une vaste campagne de restauration financée par urban.brussels, dans le cadre de ses nouvelles compétences sur le patrimoine mobilier.

Période
2018-2022
Partenaires
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB)
Urban.brussels
Commune de Saint-Gilles

Remise en lumière lors de l’inventaire de la collection saint-gilloise réalisé par urban.brussels et l’IRPA en 2019, cette oeuvre de première importance du maître baroque anversois Jacques Jordaens (1593-1678) a été formellement identifiée en 2020. Aujourd’hui, l’oeuvre a enfin retrouvé son éclat, ses couleurs et son style d’origine et elle est désormais exposée au sein des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

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Une œuvre longtemps cachée

L’oeuvre, qui sommeillait dans le cabinet de l’échevin de l’urbanisme depuis près de 60 ans, a longtemps été considérée comme une simple copie. Pourtant, le précieux panneau peint a été authentifié. Il s’agit de la version la plus ancienne connue d’une composition de La Sainte Famille que Jordaens réutilisera dans trois autres tableaux conservés dans les prestigieux Metropolitan Museum de New York, l'Ermitage de Saint-Pétersbourg et l'Alte Pinakothek de Munich. C’est la collaboration scientifique entre l’IRPA, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) et les experts internationaux du Jordaens Van Dyck Panel Paintings Project qui avait permis, après plus d’un an de recherches approfondies, d’attribuer avec certitude cette oeuvre à Jacques Jordaens, aux alentours de 1617-1618.

Collaboration et interdisciplinarité

Un examen de dendrochronologie (qui analyse avec précision la date d’abattage de l’arbre dont est extrait le panneau) a été menée par le Jordaens Van Dyck Panel Paintings Project dès 2019. L’IRPA a également effectué de précieuses analyses d’imagerie scientifique : radiographie, réflectographie infrarouge, analyse macro-XRF et photographie en ultraviolet. Les analyses menées par l’équipe de recherche pluridisciplinaire de l’IRPA ont révélé que l’oeuvre avait déjà été restaurée dans le passé à maintes reprises, de manière grossière et maladroite. Arrivée en piètre état à l’IRPA, la Sainte Famille désormais restaurée apporte un témoignage unique et détaillé de la palette du peintre. Cette restauration garantit la conservation durable de ce chef-d'oeuvre pour les générations futures.

Hilde De Clercq

La collaboration et l'interdisciplinarité sont la base d'une prise en charge réussie du patrimoine. Mené par la Région de Bruxelles-Capitale, ce projet montre l'importance de rassembler les différentes compétences présentes dans les institutions impliquées. Et ce, au bénéfice du public bruxellois et belge, qui a gagné un nouveau chef-d’oeuvre.

Hilde De Clercq, directrice générale de l’IRPA
Mark

Datation et identification des marques

Malgré un parquetage moderne destiné à consolider le panneau, la présence de marques au revers du panneau n’avait jamais été signalée ou remarquée auparavant. Pourtant, ces dernières permettent de corroborer l’attribution à Jacques Jordaens en apportant de précieuses informations sur l’origine et l’identité du fabricant du panneau de chêne (le pannelier). En effet, on retrouve au dos du panneau l’ancêtre de l’actuel “contrôle de qualité”, avec la marque de la Guilde de Saint-Luc d’Anvers (deux mains et un château) apposée au fer chaud lorsque le panneau est achevé. A proximité de celle-ci se trouve le poinçon du pannelier Guilliam Aertsen (un monogramme composé des initiales “G” et “A”), maître de la guilde de Saint-Luc à partir de 1612. Ce poinçon est utilisé par le menuisier anversois à partir de 1612 et figure sur plusieurs autres oeuvres des Jacques Jordaens.

Jordaens FR

Jacques Jordaens

Génie de la peinture baroque, Jacques Jordaens (Anvers 1593-1678) est pourtant bien moins connu et moins étudié que ses contemporains Pierre-Paul Rubens et Antoine Van Dyck. Contrairement au style héroïque de Rubens et au noble raffinement de Van Dyck, il opte pour un réalisme qui représente l’humanité telle qu’elle est. Il est très probable qu’il ait été actif dans l’atelier de Rubens en tant que jeune maître libre et qu’il ait peint sur des tableaux provenant des mêmes arbres que Van Dyck. Après la mort de Rubens et de Van Dyck, il est considéré comme le plus important peintre d’histoire des Pays-Bas méridionaux.

Dorénavant présentée au public

L’oeuvre de la commune de Saint-Gilles est désormais prêtée aux Musées royaux. En rejoignant sa collection, la Sainte Famille sera dorénavant présentée au public, dans de bonnes conditions de conservation. Dès le 22 décembre 2022, le public pourra redécouvrir l’oeuvre originale, telle que née de la main du Maître dans la collection permanente du Musée Old Masters, au sein de la salle consacrée à Jacques Jordaens, à côté notamment de la célèbre toile Le Roi boit et d’une autre Sainte Famille illustrant une autre approche stylistique du jeune maître évoluant à grande vitesse. Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique abritent l’une des plus importantes collections de Jacques Jordaens au monde.

Explorer une incroyable collection et y découvrir un chef-d’oeuvre de Jacques Jordaens, l’un des plus grands peintres baroques, témoigne de la richesse de notre patrimoine et de l’importance du travail d’inventaire.

Constantin Pion, historien de l’art à l’IRPA

Désormais restaurée

Arrivée en piètre état à l’IRPA, la Sainte Famille désormais restaurée apporte un témoignage unique et détaillé de la palette du peintre. Cette restauration garantit la conservation durable de ce chef-d'oeuvre pour les générations futures.

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