Le Laboratoire des peintures
S’agit-il d’un original ou d’un faux ? De la couche picturale d’origine ou d’un ajout ultérieur ? Comment prévenir ou ralentir la détérioration ? Les experts du Laboratoire des peintures trouvent réponse à ces questions en filigrane dans la peinture.
La peinture, une mine d'informations
Le Laboratoire des peintures étudie principalement les composants de la couche picturale des peintures : les pigments, les charges, les liants et les couches de vernis, mais aussi les laques et les plastiques des objets de notre patrimoine.
Une couche picturale, ça vit ; ce n’est pas immuable. Même après des centaines d’années, sa composition peut encore changer à la suite des réactions des composants entre eux ou avec leur environnement. Des détériorations esthétiques et structurelles, comme des changements de couleur, peuvent alors apparaître. Nos analyses fournissent des informations cruciales pour évaluer, ralentir ou prévenir de tels dommages. Pour ce faire, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Atelier des peintures.
Dr Steven Saverwyns, responsable du labo : « Les résultats de ces études sont également utiles à la recherche en histoire de l’art et pour orienter les restaurations. Les changements dans la composition sont révélés grâce à l’imagerie chimique, souvent combinée à d’autres techniques d’imagerie. Nous distinguons la peinture originale des ajouts ultérieurs et aidons à mieux comprendre l’évolution de l’utilisation des matériaux par l’artiste. »
Nous travaillons en étroite collaboration avec la Cellule d'imagerie scientifique sur de nombreux projets, notamment sur les questions d'attribution et d'authenticité.
De Memling à Delvaux
Notre principal domaine d’expertise est la peinture du XVe siècle à nos jours. Nous examinons ces œuvres de grande valeur, si possible à l’aide de techniques d’analyse non invasives, des rayons qui n'endommagent pas les tableaux.
Louise Decq : « Si l’échantillonnage est inévitable, nous prélevons alors un échantillon microscopique : de quelques grains de pigment pour l’identification des pigments à quelques microgrammes de peinture pour celle des liants. Pour l’étude de la stratigraphie de la couche picturale, un échantillon de la taille d’une tête d’épingle suffit. »
Nous travaillons notamment au service des musées, des fabriques d’église, des restaurateurs, des historiens de l’art et des collectionneurs privés.
Techniques d'analyse de pointe
Steven Saverwyns, responsable du laboratoire : « Grâce aux constantes évolutions des techniques et méthodes d’analyse, nous pouvons éviter le prélèvement ou le limiter à des quantités microscopiques. Récemment, nous avons élargi notre éventail de techniques d’analyse grâce à un microspectromètre Raman portable haut de gamme. Cet appareil permet d’identifier précisément les pigments directement sur le tableau. Couplé à la macro-fluorescence des rayons X, une technique d’imagerie chimique qui a marqué un tournant décisif dans la recherche en peinture, nous pouvons ainsi mesurer un grand nombre de pigments grâce à un examen non invasif. »
Voici un aperçu des techniques dont nous disposons :
- spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier-réflectance totale atténuée (ATR-FTIR)
- microspectroscopie Raman (via un dispositif statique couplé à un microscope optique, ou une installation mobile à haute résolution)
- chromatographie en phase gazeuse couplée à un spectromètre de masse quadripolaire, combiné ou non à une unité de pyrolyse (Py-GC/MS)
- macro-fluorescence des rayons X (MA-XRF)
- microscopie électronique à balayage couplée à une détection de rayons X à dispersion d'énergie (SEM-EDX)
- microscopie numérique 3D
Grâce à des partenariats avec des universités belges, nous pouvons également proposer les analyses suivantes :
- macro-diffraction des rayons X sur poudre (MA-XRPD), avec le groupe de recherches AXES (UA)
- macro-spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier portable (MA-rFTIR), avec le groupe de recherches AXES (UA)
- chromatographie séparative en phase liquide couplée à la détection par spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS), avec le Laboratoire de biotechnologie pharmaceutique (UGent)
Confirmer l’authenticité grâce aux SOP
Ces dernières années, nous avons acquis une solide réputation dans la recherche sur les pigments organiques synthétiques (SOP). Ceux-ci permettent souvent de distinguer des peintures authentiques de faux du XXe siècle.
Wim Fremout : « Les SOP sont apparus sur le marché à la fin du XIXe siècle. Nous connaissons leur date d’apparition grâce à des brevets et d’autres sources. Si nous détectons un pigment organique synthétique sur un tableau, nous pouvons déterminer jusqu’à quand peut remonter sa réalisation. Nous avons constitué de vastes banques de données de référence afin d’identifier précisément ces pigments si révélateurs. »
Une expertise largement applicable
La diffusion des connaissances fait partie intégrante de notre mission. Les scientifiques du laboratoire participent à des congrès internationaux, publient les résultats de leurs recherches et encadrent des doctorants et des stagiaires de Belgique et de l’étranger.
Par ailleurs, nous ne nous cantonnons pas à notre domaine de spécialité. En effet, nous appliquons notre expertise à l’étude d’autres objets, tels que les laques européennes ou même les laques asiatiques, les couches picturales des sculptures modernes, ou encore l’identification des plastiques dans des pièces du patrimoine.
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Nos experts
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