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Open Science - Mettre nos connaissances à la disposition de tous

Selon l’UNESCO, l'open science, ou science ouverte, est définie comme un concept inclusif qui englobe différents mouvements et pratiques visant à rendre les connaissances scientifiques multilingues librement accessibles à tous et réutilisables par tous, à renforcer la collaboration scientifique et le partage des informations au profit de la science et de la société, ainsi qu’à ouvrir les processus de création, d’évaluation et de diffusion des connaissances scientifiques aux acteurs de la société au-delà de la communauté scientifique traditionnelle.

À l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA), nous poursuivons cet objectif. Rencontre avec trois de nos experts : Erik Buelinckx, responsable de l’Infothèque, Stephanie Buyle, data manager, et Wim Fremout, chercheur en patrimoine au Laboratoire des peintures et coordinateur des projets HESCIDA et E-RIHS.be.

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Quand a-t-on assisté à l’émergence de la transition numérique à l’IRPA ? Quels sont vos objectifs actuels et futurs ?

EB : « À la fin des années 1980, l’IRPA a pris conscience du potentiel des technologies numériques émergentes pour poursuivre sa mission de documenter, d’étudier et de préserver le patrimoine culturel et artistique belge et pour rendre accessibles au public les informations rassemblées ou créées au cours de ce processus. L’avènement d’internet et des nouvelles idées sur la libre circulation de l’information, couplé à notre mission d’institution de service public, a naturellement donné lieu à une volonté de rendre l’ensemble de ces travaux les plus accessibles possible au public. Quand je suis arrivé à l’IRPA à la fin des années 1990, on utilisait déjà cette immense base de données de descriptions et de photos d’œuvres d’art ou d’autres objets du patrimoine. Il existait aussi un site web fonctionnel qui permettait aux utilisateurs de chercher et de consulter ces informations, accompagnées de nombreuses photos principalement en basse résolution. Nous disposons de plus d’un million de photos d’œuvres d’art et d’autres objets du patrimoine culturel les plus divers, de bâtiments, de paysages, d’événements populaires, historiques, culturels ou politiques, et bien plus encore ‒ le tout accessible au public. »

SB : « Il y a quelques années, Wim et Erik ont décidé que les informations disponibles via notre site web devaient encore aussi inclure des choses spécifiques, en particulier nos données de recherche scientifique, conservées dans ou liées à nos dossiers d’intervention. J’ai donc été engagée pour commencer à recenser toutes les données créées à l’IRPA, en vue de mettre en place un plan de gestion des données pour tout l’Institut. »

WF : « La prochaine étape consiste évidemment à mettre au point un système qui permette de rendre toutes ces informations accessibles tant au grand public qu’aux chercheurs les plus spécialisés. Nous avons créé HESCIDA (Heritage Science Data Archive), un projet de quatre ans financé par Belspo et mené en collaboration avec la KBR et le Musée Art & Histoire. Ce projet vise à jeter les bases pour rendre les données de recherche également accessibles. Parallèlement, nous procéderons à une révision complète de BALaT, la plateforme en ligne qui permet d’accéder aux collections de l’IRPA. »

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Les contenus que l’IRPA propose au public sont très variés. Qui décide quelles informations rendre accessibles ?

EB : « Nous disposons d’une vaste collection de photos d’un patrimoine culturel très diversifié. La plupart de ces clichés ont déjà été numérisés il y a une vingtaine ou trentaine d’années à l’aide des technologies de la fin des années 1990. 75 pour cent de la collection est donc aujourd’hui disponible sur BALaT. Depuis 2003, nous numérisons nos négatifs photographiques à l’IRPA, ce qui permet d’avoir une expérience visuelle d’une qualité nettement supérieure. Nous numérisons aussi nos dossiers d’intervention, qui contiennent toutes sortes de documents, jusqu’aux rapports finaux rédigés par nos collègues des laboratoires et des ateliers de restauration. Nous tenons bien sûr à remercier Belspo pour son soutien dans ce vaste projet de numérisation. Cependant, il nous reste encore une énorme quantité de données à numériser, que nous aimerions proposer en libre accès au public. Or, avec les moyens limités dont nous disposons actuellement, il nous faudra encore plus d’une centaine d’années pour tout numériser. Il est donc important de signaler que, quelles que soient les recherches effectuées, une grande partie des données ne sont pas encore disponibles en version numérique mais qu’elles sont consultables dans notre salle de lecture. Notre riche collection s’adresse à un public d’horizons très divers. Nous veillons donc à ce que cette documentation soit adaptée aux besoins de chacun. Par ailleurs, nous avons créé une page de crowdsourcing pour permettre à tout le monde de compléter ou de corriger des données. L’aide des utilisateurs est cruciale pour nous. Ils nous contactent régulièrement pour nous aider à identifier un objet qu’ils connaissent dans un endroit près de chez eux ou lorsqu’ils remarquent qu’une information doit être adaptée ou corrigée. Nous sommes très ouverts à toutes ces modifications, pour autant qu’elles soient accompagnées de bonnes références. »

SB : « Nous partons du principe qu’il faudrait rendre accessibles toutes les connaissances créées par l’IRPA en tant qu’institution scientifique publique fédérale. Cependant, nous admettons être parfois confrontés à certaines restrictions, comme des obligations externes en matière de droits d’auteur, le respect d’un court embargo avant la publication scientifique ou (encore) des questions de confidentialité concernant les informations personnelles relatives aux collections. Nous faisons preuve de transparence sur les restrictions en vigueur. Nous veillons en effet à ce que les utilisateurs en soient bien informés. »

En quoi l’Open Access favorise-t-il les avancées de la recherche ?

WF : « Du point du vue du chercheur, le fait d’avoir accès aux données des autres institutions du patrimoine représente un avantage considérable. Imaginons que vous analysiez un pigment décoloré sur une peinture. Quel est ce phénomène de décoloration ? Comment pourrait-on ralentir ce processus ? Si vous consultez nos archives, vous trouverez peut-être les réponses. Mais si vous effectuez ces recherches à l’échelle européenne, il est fort probable que quelqu’un ait déjà rencontré ce phénomène et qu’il l’ait étudié. L’open science favorise la recherche et assure donc la préservation de notre patrimoine. »

SB : « En tant que data manager, le mouvement de l’open science a accentué le besoin de disposer d'une stratégie de gestion des données efficace. Dans le cadre de ma fonction, je m’efforce de soutenir et de conseiller les chercheurs sur les meilleures pratiques en matière de gestion des données et de veiller à ce que les métadonnées et la documentation adéquates soient disponibles, tout en respectant les normes et formulaires internationaux. Ainsi, l’IRPA rend non seulement les données de recherche plus accessibles mais aide aussi à en améliorer la qualité. Des données bien organisées et correctement documentées offrent un meilleur contexte aux chercheurs pour utiliser ces données dans le cadre de leur travail, ce qui augmente la qualité des recherches et la précision des résultats scientifiques. »

EB : « Il est essentiel de comprendre qu’aucune recherche ne part de zéro et que de nombreuses informations existent déjà. Il s’agit simplement de savoir où les trouver. Avant, trop d’informations étaient cachées derrières des paywalls ou les chercheurs veillaient jalousement sur leurs données « dormantes » sans laisser personne y accéder. Aujourd’hui, on ouvre les barrières au grand public et on essaie de multiplier les moyens de donner accès à nos données, en fonction des besoins de l’utilisateur. »

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Comment envisagez-vous l’avenir de la plateforme ?

SB : « Notre but est de fournir une source de connaissances complète sur la science du patrimoine. Aussi, nous nous engageons à élargir le champ des données de BALaT afin d’y inclure un plus large éventail de données de recherche et d’informations contextuelles, y compris les métadonnées des mesures, des échantillons et des publications. La mise à disposition des données sur le contexte de recherche est une caractéristique essentielle de la plateforme modernisée. BALaT deviendra un environnement convivial où les utilisateurs pourront facilement parcourir les résultats des projets de recherche, en ayant facilement accès à toutes les informations nécessaires. »

WF : « Une amélioration significative de l’expérience de l’utilisateur et de l’étendue des données sur la plateforme est en cours. Grâce au projet HESCIDA et en tant que membre de la European Research Infrastructure on Heritage Science (E-RIHS), nous collaborons avec d’autres institutions du patrimoine pour mettre en relation les données au niveau européen. »

EB : « La plateforme modernisée, dont parle Wim, nous permettra de jouer un rôle majeur ‒ en tant que centre numérique stratégique sur la science du patrimoine ‒ pour les données à l'échelle locale, régionale, nationale, européenne et même mondiale sur le patrimoine culturel belge. Ces informations seront librement accessibles au grand public, de l'étudiant à l'amateur d’art local en passant par les chercheurs et les décideurs politiques ; en un mot : tout le monde ! »

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L’Institut royal du Patrimoine artistique rassemble une vaste documentation sur le patrimoine belge. Nous vous invitons à venir découvrir les richesses de notre bibliothèque et de notre immense collection photographique et consulter les dossiers d’intervention de nos experts. Toutes ces photos, et bien d’autres encore, sont accessibles via la plateforme de connaissances en ligne BALaT.

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