La Cellule de conservation préventive
Comme le dit le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir. Cela vaut aussi pour notre patrimoine. C’est précisément la mission de l’équipe de la Cellule de conservation préventive. Elle passe en revue tous les risques de dommages pour votre objet ou collection et vous conseille pour mieux vous en prémunir.
Pourquoi recourir à la conservation préventive ?
La conservation préventive comprend toutes les mesures et actions visant à prévenir ou à limiter au maximum la détérioration future d'un objet d'art ou d'une collection patrimoniale. Marjolijn Debulpaep, responsable Conservation préventive : « Nous ne faisons pas de traitement de restauration d’œuvres d’art, contrairement à nos collègues des ateliers. Notre travail consiste justement à essayer d’éviter ce type d’intervention. Le meilleur moyen de préserver une collection est de créer des conditions de conservation et d’exposition optimales. »
Un service sur mesure pour votre objet ou collection
Comment protéger un objet d’art ou une collection contre la détérioration ? Un trajet préventif débute toujours par une évaluation de la situation spécifique. Pour ce faire, nous effectuons généralement une visite sur place. En effet, chaque demande nécessite une approche sur mesure : nous tenons compte des matériaux qui composent l’œuvre, de son état et de son environnement de conservation, des interactions entre les différents facteurs de risque, etc.
En raison de la multiplicité des facteurs à prendre en considération, ces trajets s’avèrent souvent particulièrement longs ou complexes. C’est pourquoi notre équipe travaille essentiellement sur la base de projets.
Le meilleur moyen de préserver une collection est de créer des conditions de conservation et d’exposition optimales.
Des analyses aux conseils
Nous analysons les causes des dommages potentiels au moyen des dix agents de détérioration du patrimoine culturel (voir encadré). En fonction des résultats, nous pouvons mener une campagne de mesure des conditions environnementales, effectuer des tests en laboratoire ou évaluer en détail l’état d’une salle, d’une vitrine ou même d’une voiture de train.
- Nous prodiguons des conseils sur les matériaux adaptés à la conservation préventive (pour la mise en réserve, l’exposition, la conservation des objets…).
- Nous encadrons la conception de moyens adaptés pour l’exposition ou la mise en réserve d’objets d’art spécifiques, comme les Jardins Clos de Malines, le carton de tapisserie de Pieter Coecke van Aelst…
- Nous prenons des mesures et donnons des conseils pour créer des conditions environnementales optimales (température, humidité relative, lumière et UV).
- Nous formulons des recommandations pour prévenir les dommages causés par les micro-organismes, insectes et rongeurs (lutte intégrée contre les ravageurs ou IPM), etc.
- Nous donnons des conseils sur la gestion de collections et de réserves. En tant que coordinateurs de la stratégie RE-ORG Belgium, nous aidons les musées à réorganiser leurs collections qui sont mises en réserve pour en faciliter l’accès aux gestionnaires de collections, aux chercheurs et au public.
Une analyse des risques complète suivie de recommandations concrètes est un travail intensif. Aussi, nous vous proposons également une formule simplifiée. Grâce à la méthode QuickScan (Quick Risk Scan), nous pouvons déterminer assez rapidement la valeur et les risques d’une collection. Sur cette base, nous pouvons classer par ordre de priorité les risques et les interventions à mettre en œuvre. Cette méthode peut aussi bien impliquer la réalisation de tests ou d’analyses supplémentaires que la conception de vitrines adaptées, par exemple, voire de mesures préventives liées à des risques majeurs comme un incendie et une inondation.
Les dix agents de détérioration
Au début des années 1990, le scientifique en conservation Stefan Michalski, de l’Institut canadien de conservation (ICC), a élaboré un modèle des causes possibles de dommages occasionnés au patrimoine et aux collections d’art : les dix agents de détérioration. Les spécialistes du patrimoine du monde entier utilisent ce modèle comme référence pour l’analyse des risques et la gestion préventive des collections. Les dix agents peuvent s’appliquer à tout type de patrimoine et de matériaux.
Unir les connaissances
La mise en œuvre de la conservation préventive nécessite donc d’unir des connaissances qui relèvent de plusieurs domaines d’expertise. Aussi, notre équipe est composée d’experts de divers horizons et spécialités. Dans le cadre de nos projets, nous travaillons constamment en collaboration avec nos collègues des Ateliers de conservation-restauration et des Laboratoires, mais aussi avec des professionnels externes : conservateurs-restaurateurs, scientifiques du patrimoine, conservateurs de musée, concepteurs d’exposition, sociétés de transport d’art, spécialistes de l’éclairage, architectes, ingénieurs (en bâtiment), historiens de l’art…
En outre, nous avons également développé des partenariats avec des institutions, des universités et des organisations gouvernementales réputées, tant en Belgique qu’à l’étranger.
En Belgique :
- Des universités : La Cambre, ULiège, KU Leuven, Universiteit Antwerpen, La Cambre
- Des établissements scientifiques fédéraux (ESF) : tous les musées fédéraux, l’IRM, la Bibliothèque royale de Belgique et les Archives de l’État, BRAIN-be de Belspo
- Les Communautés et les Régions : la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Direction du Patrimoine culturel/urban.brussels, Onroerend Erfgoed Vlaanderen, Topstukkenraad
- Des centres d’expertise : FARO, CIPAR, MOWA, MSW
- ICOM-Vlaanderen et ICOM-Belgique Wallonie Bruxelles
- Patrimoine FRB (Fonds Comhaire)
À l’étranger :
- Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), Rome
- Institut canadien de conservation (ICC), Ottawa
- Central Institute for Conservation (CIK), Belgrade
L'accent sur la conservation préventive
« La conservation préventive a un impact énorme car elle permet d’éviter des problèmes ultérieurs », souligne Laura Debry. « Bien qu’encore trop peu connue, elle est incontestablement un atout majeur pour le secteur du patrimoine. Nous estimons donc qu’il est essentiel de partager et de diffuser nos connaissances. Ainsi, parallèlement à nos projets, nous dispensons des cours ou intervenons lors de conférences. Nous organisons également des journées d’étude et des colloques au niveau national et international. Nous accueillons aussi régulièrement des stagiaires pour leur apprendre toutes les ficelles du métier. »
Par ailleurs, nos spécialistes sont membres du groupe de travail Conservation préventive du Conseil international des musées (ICOM-CC), du pool d’experts consultatif pour le décret sur le patrimoine culturel du gouvernement flamand et de plusieurs comités scientifiques.
AGATO : un outil pour les objets à supports mixtes
« Dans le courant de l’année 2022, nous lancerons AGATO : un outil en ligne destiné à aider les professionnels du patrimoine pour la conservation préventive des objets à supports mixtes », annonce Elke Otten. « En effet, les divers matériaux qui composent ces objets complexes ont chacun leurs propres besoins spécifiques en matière de conservation. »
Vous souhaitez savoir quels sont les risques potentiels de détérioration pour les matériaux de votre objet à supports mixtes et comment vous en prémunir ? Encodez, dans AGATO, les informations de base sur votre objet, les matériaux dont il est constitué, leur état de conservation et leurs conditions d’exposition. Vous recevrez ainsi immédiatement une évaluation des risques pour votre objet ainsi que des conseils utiles.
Spécialement conçu pour les gestionnaires de collections patrimoniales, AGATO est un outil en ligne d’aide à la décision qui vise à assurer la bonne conservation des objets historiques en techniques mixtes. Il oriente les utilisateurs dans l'évaluation des risques auxquels sont exposées les pièces des collections et fournit des recommandations pour les préserver de détériorations futures et améliorer leurs conditions de conservation.
Cet outil de conservation préventive convient aux collections d’œuvres d'art mais aussi aux collections d'objets religieux, de manuscrits, d'instruments (de mesure) historiques, de costumes, d'objets ethnographiques et autres.
L’outil AGATO a été développé dans le cadre du projet ArtGarden du programme BRAIN-be de Belspo, en collaboration avec la KU Leuven et l’Universiteit Antwerpen.
Disponible gratuitement à partir du 8 décembre 2022 sur agato.kikirpa.be.