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CHrisis : la Protection du Patrimoine en Situation de Crise

Lors des fortes inondations survenues en juillet 2021, touchant plus de 250 sites patrimoniaux, l'Institut royal du patrimoine culturel (IRPA) a coordonné une réponse intersectorielle en étroite collaboration avec les organisations régionales concernées. Suite à cela, le projet Patrimoine en danger (CHrisis) travaille désormais sur des actions de rétablissement et sur l’amélioration de la préparation et la gestion des risques pour les sites touchés.

Période
2021-2024
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Elke Selter
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Améliorer la Préparation aux Risques et la Gestion de Crises pour le Patrimoine

Le projet CHrisis fournit un accompagnement aux institutions culturelles et aux propriétaires des sites patrimoniaux victimes des inondations de 2021. Avec le soutien de divers ateliers et laboratoires au sein de l’IRPA, une sélection d'objets et de bâtiments touchés par les inondations sont traités et étudiés. Le personnel de l’IRPA teste des techniques de nettoyage et de traitement de textiles religieux, céramiques et objets métalliques endommagés. Il étudie également le processus de séchage de bâtiments historiques de typologies variées. Ces efforts sont entrepris afin de d’élaborer des protocoles de conservation et de réponse adaptés à ces types de patrimoine.

CHrisis vise également à mieux préparer les institutions culturelles et les sites patrimoniaux aux risques et à l’intervention en cas de catastrophes futures. En collaboration avec la Cellule de conservation préventive, les institutions culturelles sinistrées sont accompagnées pour établir et mettre en œuvre une variété de mesures préventives, allant de l'amélioration du conditionnement et de la documentation à l'élaboration de plans de gestion des risques. En collaboration avec un large groupe de partenaires locaux et institutionnels, le projet CHrisis procède également à une évaluation de la coordination de la crise qui a été entreprise par l’IRPA pour le patrimoine. L’objectif est à terme d’améliorer les mécanismes de coordination des crises futures.

Recherche de méthodes de réduction des taches et traitement des céramiques du Musée des Beaux-Arts et de la Céramique (Verviers)

Des coupes, des soucoupes, des assiettes et des pichets datant pour la plupart du XIXe siècle font partie des 26 objets qui ont été confiés à l’IRPA pour étude et conservation après les inondations de juillet 2021. Ils sont constitués d’une pâte blanche poreuse très fine recouverte d'une glaçure plombifère transparente souvent craquelée. Le craquèlement de la glaçure ou tressaillage peut se produire lors de la fabrication ou survenir plus tard. Il provoque l’absorption de l’eau et de la saletépar le corps poreux de la céramique, ce qui engendre des taches inesthétiques sous la glaçure.

Le traitement des taches sur la faïence fine est une affaire complexe, non seulement en raison de l'accessibilité limitée aux taches à travers les fissures de la glaçure, mais aussi parce que les taches sont souvent un mélange complexe de matériaux organiques et inorganiques et de dépôts de surface incrustés provenant de l'utilisation ou de la manipulation, de restaurations antérieures, de l'enfouissement, du stockage et, dans ce cas précis, d’une inondation. De plus, le manque de recherche sur les effets délétères que les méthodes de traitement actuelles peuvent avoir sur de tels objets complexifie le choix que les conservateurs-restaurateurs doivent faire pour déterminer a meilleure proposition de traitement.

C'est pourquoi, les conservatrices-restauratrices de l'Atelier des verres et céramiques et le Laboratoire des polychromies, en partenariat avec le CReA Patrimoine (ULB), mènent des recherches pour tester l'efficacité et l'innocuité des méthodes de traitement courantes. Les pratiques de traitement actuelles utilisées par les restaurateurs sont établies par le biais d'une recherche documentaire, d'une enquête et de la consultation d'experts dans le domaine. Des tests de nettoyage sont effectués sur des carreaux réalisés à partir de l'analyse des objets de Verviers.

Le traitement est évalué en examinant les changements de couleur et de brillance, ainsi que les dommages physiques ou chimiques de la céramique. Les résultats de ce projet de recherche contribueront non seulement au choix des méthodes de nettoyage les plus appropriées pour les céramiques touchées par les inondations, mais aussi de la faïence fine en général, car nous voulons combler un manque de connaissances sur les effets des méthodes de traitement actuelles pour ce genre d’objets.

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Conservation préventive et CHrisis

Entre juillet et novembre 2021, la cellule a été directement impliquée dans l’organisation de la coordination du comité de crise et d'intervention d'urgence pour le patrimoine inondé. A partir de 2022, les projets se sont concentrés sur l'accompagnement de quatre principaux gestionnaires de sites impactés disposant de collections importantes : les musées de Verviers, le Centre de conservation et d'étude (CCE) des collections archéologiques de Wallonie, les organisations chargées du suivi du patrimoine des églises et l'IKOB-musée d'art contemporain d'Eupen.

A partir de mi-2022, des projets de recherche plus spécifiques ont été développés :

  • RE-Met : étude de l'impact des crues sur l'état des objets métalliques archéologiques en tenant compte des restaurations anciennes. Partenariat avec l'AWaP (Agence Wallonne du Patrimoine)
  • RE-Store : méthode d'adaptation d'un bâtiment muséal impacté en lieu de stockage sécurisé à long terme pour les collections des Musées de Verviers. Partenariat avec les Musées de Verviers.
  • RE-Mold : méthodes pour faire face aux moisissures récurrentes après les inondations pour les églises.

La Cellule travaille également avec la Cellule durabilité sur un programme de formation à la gestion des urgences, avec l'Atelier des textiles sur l'impact des inondations sur les textiles religieux, et avec le Laboratoire des monuments et décors monumentaux sur la gestion de l'humidité dans les bâtiments impactés.

CHrisis et la conservation de textiles des zones affectées

L'Atelier des textiles de l’IRPA travaille sur deux projets différents dans le cadre du projet CHrisis.

Le premier champ d'application consiste à tester des techniques de nettoyage pour la conservation des textiles liturgiques qui ont été endommagés par les inondations. Le but de cette recherche est non-seulement de contribuer à la conservation durable des objets du patrimoine textile endommagés, mais aussi de développer une approche et un protocole de base pour aider d'autres conservateurs-restaurateurs de textiles à relever ces défis et problèmes de nettoyage spécifiques. De cette façon, notre objectif est de soutenir en continu l’ensemble du patrimoine textile touché, mais aussi les gestionnaires du patrimoine et la communauté de la conservation.

Le second champ d'application se concentre sur l’accompagnement du processus d'évaluation de la valeur et de l'importance du patrimoine textile conservé principalement dans les églises de Wallonie, ainsi que de la recherche historique associée à celui-ci. Le principal objectif de cette recherche est la création d'un outil pratique utilisable par les personnes prenant soin de ces collections. Cet outil a également pour but d’aider des gestionnaires de collections dans des institutions semblables à préparer l'évaluation de leurs collections et à rédiger une liste de priorités qui pourra être utilisées à des fins diverses à l'avenir. Dans ce contexte, la recherche en histoire (de l'art) et la connaissance de de ces collections seront de plus en plus étudiées et développées.

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Etablissement d’un approche globale pour la conservation-restauration des bâtiments protégés impactés par les inondations de juillet 2021 en Wallonie

Ce projet de recherche sur les bâtiments protégés impactés par les inondations s’articule en 3 volets distincts fortement complémentaires qui permettront de développer une approche globale pour choisir les interventions de conservation-restauration les plus appropriées et les moyens de prévention à mettre en place, en tenant compte des spécificités propres à chaque bâtiment.

Le 1er volet de la recherche consiste en un suivi du séchage et de la teneur en sels dans les murs d’une dizaine de bâtiments impactés par les inondations de 2021.

Les 2nd volet permettra d’identifier les éventuels traitements ou interventions à effectuer en fonction des teneurs en sels et humidité observées, avant de procéder aux interventions de restauration des enduits et/ou des finitions intérieures proprement dites.

Le 3ème volet de la recherche permettra de définir les moyens concrets à mettre en œuvre pour limiter l’impact des inondations dans le futur, que cela soit sous la forme de matériaux résilients à utiliser lors de la restauration, d’aménagements permanents des abords et/ou de dispositifs démontables à installer en cas d’alerte de crues.

Projet suivant

Le Bréviaire de Grammont aujourd'hui consultable en ligne

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