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La restauration de l’Agneau mystique continue de révéler la virtuosité inégalée des frères Van Eyck

Comme lors des deux premières phases du projet de restauration de l’Agneau mystique, les restaurateurs de l’IRPA ont découvert, lors de cette troisième phase, des surpeints importants datant du XVIe siècle. L’enlèvement des couches picturales épaisses et parfois très assombries demande beaucoup de temps et de concentration, mais révèle progressivement les nuances subtiles si caractéristiques de la technique picturale des frères Van Eyck.

La restauration du retable de l’Agneau mystique (1432) des frères Hubert et Jan van Eyck a débuté en 2012 au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK). Le projet est actuellement dans sa troisième et dernière phase, qui porte sur l’étude et la restauration du registre supérieur du retable ouvert : les panneaux représentant la Vierge Marie, la Divinité et Saint Jean-Baptiste, entourés des anges chanteurs et musiciens ainsi que d’Adam et d’Ève.

Ces panneaux, représentant le royaume céleste, témoignent d’une maîtrise technique exceptionnelle. Les frères Van Eyck y ont utilisé des procédés uniques dans l’ensemble de l’Agneau mystique : feuilles d’or et d’argent, superposées de couleurs translucides, et décorations en relief à base de feuilles d’étain. Ces éléments nécessitent un travail minutieux de nettoyage et de restauration, réalisé par l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA) avec l’appui d’experts internationaux.

Comme lors des deux premières phases du projet de restauration ‒ celle des volets extérieurs, menée de 2012 à 2016, et celle du registre inférieur du retable ouvert, réalisée de 2016 à 2019, les restaurateurs de l’IRPA ont découvert, lors de cette troisième phase, des surpeints importants datant du XVIe siècle. Les recherches montrent que ces couches ont été appliquées sur d’anciens dégâts, certains déjà restaurés, et des accumulations de poussières et de vieux vernis. Autrement dit, l’Agneau mystique avait déjà été restauré et vernis à plusieurs reprises avant d’être largement repeint dans la première moitié du XVIe siècle. À l’époque, les peintres-« restaurateurs » ne se sont pas contentés de retoucher localement des petits dégâts ; ils ont appliqué une nouvelle couche de peinture sur des zones étendues du polyptyque.

De plus, les analyses chimiques ont montré la présence, dans ces couches picturales ajoutées, de divers composants inconnus dans la peinture flamande à l’époque de Jan et Hubert van Eyck. Outre le pigment vert appelé posnjakite, les chercheurs ont trouvé dans les surpeints du verre broyé riche en sodium, qui avait sans doute été ajouté pour accélérer le séchage de la peinture. Ces deux composants n’ont été utilisés pour la première fois dans les Pays-Bas méridionaux qu’à partir du XVIe siècle.

Les tests confirment que les couches non originelles peuvent être enlevées en toute sécurité à l’aide de méthodes similaires à celles utilisées lors des première et deuxième phases, sans risque pour la surface de la peinture eyckienne originale. Toutes les propositions ont à nouveau été avalisées par la commission internationale composée de scientifiques du plus haut niveau, experts de la peinture des Van Eyck et des Primitifs Flamands, qui suit le projet depuis 2012. L’enlèvement des couches picturales épaisses et parfois très assombries demande beaucoup de temps et de concentration, mais révèle progressivement les nuances subtiles si caractéristiques de la technique picturale des frères Van Eyck.

Les drapés de la Vierge, de Saint Jean-Baptiste et de la Divinité, recouverts par ces surpeints, sont maintenant en grande partie libérés, retrouvant leur éclat et leur harmonie avec le reste du retable. Les panneaux d’Adam et Ève, bien préservés, dévoilent après nettoyage les détails picturaux remarquables des Van Eyck. Le travail sur les panneaux des anges progresse également rapidement.

« Lors des première et deuxième phases, l’équipe de restaurateurs et de chercheurs de l’IRPA s’est dotée de connaissances et de compétences qui la rend particulièrement apte à relever les défis de la conservation et de la restauration de l’Agneau mystique. Sa compréhension du processus créatif remarquable des frères Van Eyck, ainsi que du travail des restaurateurs du XVIe siècle et des siècles suivants, a atteint un niveau sans précédent. »

Les membres de la commission internationale ont salué le travail de l’équipe de restauration de l’IRPA.

Les visiteurs peuvent suivre le travail de l’équipe dans l’atelier ouvert du MSK, le Musée des Beaux-Arts à Gand, où la restauration se poursuivra jusqu’en 2026. Ce projet ambitieux, porté par la fabrique d’église de la cathédrale Saint-Bavon et soutenu par divers partenaires scientifiques et culturels, redonnera enfin tout son éclat au chef-d’œuvre des Van Eyck, admiré depuis des siècles à travers le monde.

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